samedi 19 juin 2010

avant de réclamer plus de flexibilité du droit du travail, Syntec doit établir une stratégie industrielle

Quelques jours après l'élection du nouveau président de Syntec Informatique - Guy Mamou-Mani -, qui ne cache pas sa volonté de réformer le droit du travail dans la branche pour introduire plus de flexibilité, Ivan Béraud, secrétaire national de la F3C CFDT, réagit. Et appelle le syndicat patronal à balayer d'abord devant sa porte, en commençant par définir une stratégie industrielle pour le secteur.
Quelques jours après l'élection d'un nouveau président pour Syntec Informatique - Guy Mamou-Mani de la SSII Groupe Open -, Ivan Béraud, secrétaire national de la F3C (Fédération Communication, Conseil, Culture) CFDT, réagit aux propositions de celui qui dirige désormais le syndicat patronal des SSII et éditeurs. "Bien sûr que nous sommes favorables à une réforme de la convention collective, mais certainement pas dans le sens que souhaite le nouveau président de Syntec Informatique", explique-t-il. Et de militer pour un respect de la grille de classification par les entreprises, pour une réévaluation régulière des minimas de la même grille et pour une meilleure prise en compte de la question des déplacements. "Aujourd'hui on assiste à des abberrations. Avec un minimum de 1 600 €, un ingénieur sorti d'école peut gagner moins qu'un technicien débutant. Dans certaines entreprises, il existe aussi des différences considérables de salaire pour des personnes ayant pourtant le même coefficient. Depuis le tournant de la rigueur en 1983, il n'y a plus d'augmentation collective : sur le long terme, ce n'est pas gérable", détaille Ivan Béraud. Début juin, sur cette question des salaires dans la branche, la CFDT a d'ailleurs déposé des pétitions à Paris, Lille, Nantes et Toulouse.

Les pistes du contrat de mission et du chômage partiel

Pas réellement les priorités affichées par Guy Mamou-Mani qui, lui, lorgne plutôt vers plus de flexibilité du droit du travail. Même s'il estime que les revendications salariales sont "légitimes", il fixe pour priorité "une réforme du contrat de travail qui manque aujourd'hui de flexibilité et n'est plus adapté au monde d'aujourd'hui". Et d'appeler à un "travail de fond" avec les pouvoirs publics et les syndicats. Rappelons qu'il ne s'agit pas de la première tentative de Syntec Informatique, ou de la fédération Syntec, dans cette direction. En mai 2003, dans un document de position commun, la fédération Syntec et la Chambre de l'ingénierie et du conseil de France (CICF) proposaient la création d'un contrat de mission, sorte de CDD flexible collant à la durée d'un projet. Un sujet très sérieusement étudié par le ministre du Travail de l'époque (François Fillon) qui avait provoqué une levée de boucliers et sur lequel les organisations patronales avaient finalement choisi de tirer un trait. En 2009, comme nous l'avions révélé dans nos colonnes, la branche avait également milité auprès des pouvoirs publics pour une extension du chômage partiel afin d'encaisser les brusques remontées des intercontrats.

Des pistes qui pourraient bien redevenir d'actualité. Dans son programme, mis en ligne sur le Web, Guy Mamou-Mani écrit en effet : "Nous connaissons des périodes de forte demande, donc de recrutement massif, auxquelles succèdent des périodes de décroissance. Faute de flexibilité, la France, contrairement à d’autres pays, court le risque de voir les entreprises de notre secteur renoncer à recruter même en période de forte demande. Ce n’est certainement pas ce que souhaitent nos gouvernants. S’ils veulent que nous demeurions un des secteurs les plus dynamiques en terme de recrutement, qu’ils nous permettent d’adapter notre outil de production aux baisses cycliques et de disposer d’une soupape de sécurité quand le marché se retourne".

"Syntec Informatique n'a pas de stratégie"

Pour Ivan Béraud, plutôt que de réclamer plus de flexibilité, "Syntec Informatique devrait commencer par donner une perspective au secteur. Alors que d'autres secteurs, comme les opérateurs ou les équipementiers, avancent et obtiennent des engagements de l'Etat (allusion au Grand Emprunt et notamment au volet concernant le très haut débit, NDLR), les services ne sont pas capables d'avoir le quart d'un discours construit sur une stratégie industrielle, alors que l'exécutif est prêt à mettre de l'argent sur la table. Plutôt que de se plaindre des méchants acheteurs côté donneurs d'ordre, Syntec Informatique ferait mieux d'orienter la stratégie de ses adhérents". Si aucun des deux camps ne semble donc réellement fermé à la discussion, chacun attend aujourd'hui de l'autre qu'il donne des gages en premier.

Lu dans MagIT Le 16 juin 2010 (12:28) - par Reynald Fléchaux

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