samedi 12 mai 2012

Quelle gouvernance de l'économie numérique ?

A l'heure où les derniers arbitrages s'opèrent sur la constitution du gouvernement, les prétendants à une place au soleil peaufinent leur bronzage sous les sunligths des télévisions.

Nous savons d'expérience que nombre de professions respectables auront leur ministre ou leur secrétaire d'Etat auxquels sera attaché une administration, une gouvernance, des moyens budgétaires, de lobbying et de coordination.

Les paysans, les pêcheurs, les routiers, les anciens combattants, les infirmières, les ouvriers qui sont honorables et font partis de l'avenir de ce pays auront leur ministère, leur politique, leur arbitrage, leur gouvernance...

Coté du numérique, avec peu ou prou 2 millions de salariés, une imbrication croissante dans l'ensemble des secteurs de l'économie auront nous droit comme dans le passé à une balkanisation du secteur, une concurrence des politiques et des gouvernances ?

Un grand emprunt certes, mais quelle gouvernance, quelle transparence de celui-ci ?

Un Comité National du Numérique qui passa un temps pour l'organe politique du Sarkozisme...

Un Observatoire du Numérique qui observe certes, mais qui le regarde ?

Un Comité Stratégique de Filière qui produit études et orientations, mais qui les lit ? Qui les applique ? Qui les critique ? Qui s'en soucie ?

3 régulateurs : l'Anfr (Agence Nationale des Fréquences), le CSA (Audiovisuel) et l'Arcep (Télécom et LA Poste) qui tirent à hue et à dia.

3 ministères : les réseaux (Les télécom et La Poste) sont au ministère de l'Industrie, les contenus (audiovisuel, cinéma, informations, cultures) sont au ministère de la culture et de la communication, les pure players sont eux dans un sous-secrétariat d'Etat au Numérique.

Alors que le Numérique est le lieu même où s'expérimente puis passe dans la réalité l'économie de l'usage c'est à dire une économie où s'imbrique de manière intime : biens, services, contenu, information et expérience de l'utilisateur, allons nous continuer à balkaniser le secteur qui créera dans l'économie de demain Valeur, Emploi et Service. Allons nous continuer à avoir une stratégie de développement des réseaux télécom et une autre de développement des contenus, et encore une autre de développement de l'e-santé ou de l'e-administration ? Laisser en friche l'e-éducation qui rend nos enfants analphabète numériquement ? Mettre en place un "Open Data" qui ne se préoccupe pas de la manière dont les donnée sont structurées et donc utilisable ?

L'enjeu du découpage des ministères est de ce point de vue essentiel :
  • Un grand ministère de l'éducation, de la Jeunesse, des Sport, de la culture et de la communication pour loger une éléphante ?
  • Un sous-ministère de l'industrie qui inclura le secteur des télécoms vu comme une vache à lait pour financer la lutte sans fin de la baisse des coûts salariaux. Il sera le lot de consolation de celui qui ne sera pas doté de celui de l'économie ?
  • Un sous secrétariat d'Etat au Numérique pour faire une fleur à jeune pousse qui a bien mérité de la campagne électorale ?
Non, ce qu'il faut c'est un vrai ministère de plein droit, de plein exercice et dont le poids politique compte pour conduire une stratégie intelligente pour construire les usages qui demain dégagerons de la valeur et permettrons de créer de l'emploi. Un ministère qui s’appuie sur une instance de régulation forte. Un ministère qui n'oublie pas que l'essentiel de l'activité dans le numérique ce sont les usages dans les entreprises au service de la production, mais aussi de la structuration des données des entreprises, des administrations ou des services au public.

Il nous importe peu de savoir qui sera ce ministre, cela c'est le choix de la majorité présidentielle.

Ce qui nous importe c'est que la Culture qui devient chaque jour plus numérique , mais aussi qui est apporté aux citoyens par le numérique ne soit pas coupé du Numérique.

Ce qui nous importe c'est que les impact de la Numérisation sur le livre, le cinéma, l'audiovisuel permette de continuer le financement de la Création et de la rémunération des créateurs.

Ce qui nous importe c'est que les réseaux et les infrastructures ne soit pas coupé de ce qu'elle porte. Ce qui nous importe c'est que La Poste dont l'avenir est dans le numérique et en particulier dans la définition de la Ville Numérique mais aussi pour apporter les services du numérique en zone rurale ne soit pas coupée du Numérique.

C'est pour cela que peu importe qui sera ministre, ce qu'il faut c'est un grand ministère de la Culture, de la Communication et du Numérique.

Cela permettra d'élargir le Comité Stratégique de Filière à l'ensemble des secteurs déjà numérisés comme le livre, le cinéma et l'audiovisuel, mais aussi d'organiser la coopération puis la fusion de l'Anfr, du CSA et de l'Arcep, de rendre transparent et public l'usage des fond du grand emprunt et surtout de créer une vrai politique économique dans le secteur du numérique.

Il sera bien trop tard demain de pleurer de l'absence en France d’intégrateur d'usages, de pleurer sur le monopole de Samsung, de celui de google, de SAP. De pleurer sur l'invasion de la culture (au choix) américaine/chinoise/Coréenne...

Le changement c'est maintenant, dit le slogan. Nous attendons de la majorité présidentielle qu'elle passe des paroles...aux actes !

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